Regard sur un jeune agriculteur, François-Etienne Mercier

Une ferme proche d'Haussonville

Le Salon de l’Agriculture a fermé ses portes il y a quelques semaines ; il a attiré, comme chaque année, passionnés ou simples curieux qui ont quelquefois fait beaucoup de kilomètres pour découvrir cette image positive de la ruralité.

Mais connaît-on ce qui se passe tout près de nous ?

J’ai toujours beaucoup de plaisir à suivre le rythme des couleurs que revêtent au fil des saisons les collines de mon Bayonnais, mais la vie des entreprises agricoles qui sont pourtant le cœur de l’activité économique de nos campagnes m’échappe un peu, même si je ne l’ai jamais totalement ignorée.

Géoportail - Autour d'Haussonville

Le Président des Jeunes Agriculteurs de Meurthe-et-Moselle

François Etienne Mercier
 sur la ferme de Maimbermont

Alors, j’avais, depuis longtemps, envie d’interroger l’un des agriculteurs de notre territoire. Ayant découvert, par hasard, que le Président des Jeunes Agriculteurs de Meurthe-et-Moselle, François-Etienne Mercier,  avait sa ferme à proximité d’Haussonville, je lui ai demandé de bien vouloir me parler de son métier d’exploitant agricole et de sa mission de Président au sein du Syndicat.

La ferme de Méhoncourt

Ferme de Maimbermont

François-Etienne Mercier est agriculteur à Méhoncourt . Issu d'une vieille famille d'agriculteurs implantée depuis plusieurs générations sur ce territoire, il s’est installé à côté de la ferme de son père Thiéry (Ferme de Maimbermont) après une licence professionnelle d’Ingénierie des Entreprises Agricoles.

Ferme de Méhoncourt

 Pas de vaches chez lui ; sur 100 ha, il cultive blé, colza, orge d’hiver et de printemps et tournesol. Cette graine de tournesol, qu’il a introduite il y a 3 ans, dans la rotation de ses cultures, contribue à mieux lutter naturellement contre les mauvaises herbes. François-Etienne m’explique l’évolution des techniques culturales conduisant à moins de pesticides ; il insiste sur l’évolution du comportement de l’agriculteur qui accorde une grande place à l’observation pour adapter les traitements au strict besoin de la plante.  Et l’utilisation des drones, lui demandais-je ? Bien sûr, le drone entrera bientôt davantage dans les exploitations pour la gestion agronomique des parcelles.

Je comprends que conduire une exploitation agricole, c’est piloter une entreprise en restant « connecté » aux évolutions technologiques incessantes.

Voilà posée l’activité de François Etienne Mercier. Mais pourquoi avoir accepté de présider le Syndicat des Jeunes Agriculteurs de Meurthe-et-Moselle ? Sa passion pour le métier est sans doute la meilleure explication. C’est vraiment un passionné François-Etienne. Son métier, c’est son choix. Mais c’est un métier de solitaire, souvent mal jugé ou mal compris. Le syndicat des J.A. est là pour « valoriser et défendre ». Il apporte à ses adhérents un espace d’échanges professionnels mais aussi de convivialité et de festivités. On peut rester adhérent à vie, mais seuls les agriculteurs de moins de 35 ans peuvent être élus, gage de renouvellement de la structure.

L’année 2016 a été mauvaise pour beaucoup d’agriculteurs, qu’ils soient éleveurs ou céréaliers. Savez-vous qu’en Meurthe-et-Moselle, c’est en moyenne un déficit de 60 000 Euros que chaque ferme a subi ? Il reste convaincu que l’Union Européenne est indispensable au milieu agricole, d’autant plus que la France y occupe une place reconnue pour la qualité de ses produits et les gages qu’elle fournit en matière  de sécurité par la traçabilité. Le Syndicat exerce d’ailleurs  une surveillance vigilante sur la règlementation en matière d’étiquetage sur l’origine des viandes, qu’elles soient brutes ou transformées.

On évoque bien sûr la crise du lait que nul ne peut ignorer. Mais il ne faut pas oublier que la fin des quotas ainsi que l’embargo russe ont accentué cette crise. Francois Etienne se demande si l'adaptation des troupeaux laitiers ne permettrait pas de limiter le déficit entraîné par la chute des cours mondiaux. L'élevage français est de qualité mais on produit du lait à boire alors que nous sommes le pays des 1000 fromages ; l'adaptation des races de vaches permettrait peut être de réduire les charges et améliorer ainsi les revenus. 

Agriculteurs et communication

Je termine mon entretien sur un de mes sujets de prédilection : la communication pour plus d’interactions entre acteurs et habitants du territoire.

Pas de soucis pour la communication entre agriculteurs  Des réunions techniques organisées par la Coopérative, en passant par les concours de labour, les réunions du Crédit Agricole, du Comice Agricole de Lunéville, et j’en passe… les agriculteurs –lorsqu’ils ont le temps d’y participer- ont de multiples occasions pour se rencontrer.

Ils ont moins l’occasion de rencontrer leurs voisins non agriculteurs et les clients de leurs produits ! Si la vente directe fait l’objet de multiples reportages dans les Médias, elle ne concerne que peu d’exploitations.  François Etienne n’a pas de lien avec les clients finaux : il livre sa production à la Coopérative Agricole Lorraine. Ouvrir les portes des exploitations pour des opérations découvertes ? Difficile : les règles de sécurité pour l’accueil du public sont telles que c’est quasiment impossible, sauf à disposer d’une ferme pédagogique.

J’évoquais une Association d’agricultrices ou femmes d’agriculteurs que j’avais rencontrée …naguère (lorsque j’animais le foyer rural d’Haussonville). Elles organisaient en particulier des rencontres dans les Ecoles. Etait-ce  « Agricultrices dans le vent » ? me propose François Etienne ? Je ne m’en souviens plus mais un petit tour sur un reportage qu’avait fait sur elles l’Est Républicain montre tout l’intérêt de cette démarche féminine pour mieux faire connaître à proximité le métier d’agriculteur et d’agricultrice.

Dernière question relative à la communication : Quels liens avec les Communautés de Communes et en particulier la nouvelle CC3M (Communauté de Communes Meurthe Mortagne Moselle) ? L’eau et l’assainissement étant dans la compétence des Communautés de Communes, François Etienne évoque la gestion  des terrains à proximité des berges de l’Euron.  c’est déjà sur cet aspect de protection de l’environnement que les agriculteurs ont été associés aux travaux de l’ancienne Communauté de Communes du Bayonnais.

J’ai eu de la chance : ce matin, malgré une légère brume, cela sentait déjà le printemps. Et c’est une belle rencontre que j’ai faite : celle d’un passionné de son métier, ouvert sur les autres. Voyant qu’il était très affairé lorsque je suis arrivée, je lui avais promis de rester peu de temps. Je n’ai pas tenu ma promesse…

les dernières ondulations
 des collines du Bayonnais à proximité de Romain et Méhoncourt

Allez, maintenant je vais aller à la découverte des  fermes de mon village, si près de chez moi et que je connais bien mal. Il y a encore quatre agriculteurs à Haussonville. De quoi faire encore d’autres belles rencontres et de vous en faire profiter.

Le saviez-vous ? En 2017, Haussonville compte 4 exploitations agricoles ; en 1911, pour un nombre d'habitants semblement identique à aujourd'hui, le recensement donne 21 patrons-cultivateurs !