Nous avons de la chance : son origine est connue puisque le constructeur a intégré une pierre de fondation derrière la porte d'entrée, dans le mur du couloir qui traverse toute la maison.
C'est la famille Husson qui a construit cette maison et posé la pierre le 16 avril 1797. J'ai toujours été intriguée par les deux prénoms qui y figurent : Charles-Alexandre Husson et Margueritte Husson. Aucun couple avec ces nom et prénoms n'apparaît dans les études généalogiques "familles d'Haussonville" et "Geneanet". D'ailleurs, il n'était pas d'usage de présenter la femme par son nom d'épouse. En revanche, on trouve un frère et une soeur, les plus jeunes enfants de Nicolas Husson et de Barbe Froment.
C'est Jean-Yves Chauvet qui m'apporte l'explication. Dans son ouvrage "L'usage des maisons lorraines", il précise que ces pierres, généralement placées en début de construction, portaient traditionnellement le nom du dernier né de la famille susceptible de porter le plus loin possible la mémoire de la maison et de la famille. Ici, pas de jaloux, ce sont les deux derniers de la fratrie nés en 1788 et 1791.
Nicolas Husson, le père, est né à Saffais en 1739. Il est venu s'installer à Haussonville entre 1777 et 1779, comme le laissent supposer les lieux de naissance de ses enfants ; sans doute pour prendre la fonction d'amodiateur du Comte d'Haussonville. L'amodiateur était le fermier du seigneur. Je n'ai pas trouvé pour l'instant le rôle précis de cet amodiateur mais c'était une charge représentant un certain statut social et cela peut expliquer l'importance des maisons possédées par ces fermiers. Nicolas est présent comme amodiateur du Comte Louis Bernard Cléron d'Haussonville, lors du plaid annal* du 2 octobre 1788 (reproduit dans le Bulletin d'Histoire Locale d'Haussonville de 1983).
Le mystère de la construction est-il éclairci ? Pas tout-à-fait. Nicolas Husson meurt en 1795 : la pierre est datée de 1797. Alors, aurait-il initié la construction qui aurait été poursuivie par sa femme et son premier fils Nicolas-Charles-Alexandre, né en 1775 ? C'est possible. Nicolas-Charles-Alexandre est resté célibataire, peut-être pour s'occuper des quatre jeunes enfants que Nicolas père laissait à sa mort (voir ci-dessous sa nombreuse descendance).
Il est donc possible que la maison ait été habitée par Nicolas-Charles-Alexandre, sa mère, ses trois soeurs et son frère jusqu'à leur mariage.
Une autre marque du constructeur et des premiers habitants militant pour cette thèse est une sculpture sur le linteau d'une cheminée. Celle-ci est restée longtemps un mystère pour nous ; un ami nous a mis sur une piste qui a relancé nos recherches. La période révolutionnaire au cours de laquelle la maison a été construite a connu une vogue particulière de symboles patriotiques -feuilles de chêne, drapeaux, hache, pique, bonnet de la liberté,... On sait que Nicolas-Charles Alexandre s'est battu en Belgique (source : Paquatte) et que Charles-Alexandre était officier de cavalerie. (source : Mathieu de Dombasle). Peut-être l'un d'eux a-t-il fait reproduire le symbole de son régiment sur cette pierre ?
Ces hypothèses sont "mises à mal" par deux experts de l'architecture rurale pour qui le style de la maison correspond à une construction plus tardive révélée par les linteaux droits et non délardés des fenêtres et l'absence de chanfrein sur les pierres d'encadrement qui sont encore l'apanage des maisons à la fin du 18e siècle. Et la pierre de constructeur, "cachée" derrière la porte du couloir aurait-elle été déplacée après une reconstruction ?
L'enquête est en cours.....
Nicolas-Charles-Alexandre, après s'être consacré à ses soeurs et frère, s'est consacré... à sa Commune : il a été Maire d'Haussonville entre 1814 et 1831. Il est décédé le 14 mai 1841.
Charles-Alexandre a également connu une belle notoriété car son élevage de chevaux était très réputé. Nous en reparlerons.
La maison est restée entre les mains de la famille Husson ou de proches jusqu'en 1921 ; elle a alors été acquise par la famille Menet, à qui nous l'avons achetée.
Les traces (même mystérieuses) laissées pour nous par les propriétaires de la maison sont des éléments supplémentaires d'attachement à nos vieilles maisons ; la nôtre a eu la chance de traverser les siècles avec peu de dégradations. Notre envie de la préserver est intacte. Espérons qu'elle nous livrera d'autres témoignages de l'histoire de notre village.
* le plaid annal réunit chaque année l'ensemble des villageois (présence obligatoire): rappel des obligations, interdictions, redevances, amendes, etc., nomination du maire, d'officiers de justices et gardes de toutes sortes, présentation des comptes de la communauté. Nous essaierons de publier prochainement l'une de ces comptes rendus de plaid d'Haussonville.
Je suis heureuse de découvrir votre publication. En effet, je suis une descendante de la
RépondreSupprimerfamille HUSSON d'Haussonville. Charles HUSSON, le constructeur est mon arrière arrière arrière
grand père. Je suis la descendante de son fils Léon (frère d'Alexandre, qui est resté sur la ferme)
Léon a été fermier du baron de Ravinel à NOSSONCOURT
Une fille de Léon, Alice est la mère de mon grand père.
J'ai tenté d'identifier la maison de mes aieuls en me rendant à HAUSSONVILLE mais sans indice, je ne l'ai pas trouvée.
La famille HUSSON repose au cimetière du village.
Je suis à votre disposition si je peux vous apporter des informations.
Bonjour Madame,
SupprimerMerci pour votre intérêt pour mon blog et pour vos informations sur la famille Husson. Je serai heureuse d'en savoir plus sur les descendants de Nicolas Husson. Nous pourrons également échanger sur les maisons de la famille, dont la nôtre. Pouvez-vous prendre contact (voir bandeau de droite) ? Meilleures salutations. Jacqueline Blanchart