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24 février 2018

La pompe à incendie d'Haussonville

Une histoire de pompe à incendie qui nous éclaire sur la situation et les préoccupations de la commune d'Haussonville au 19e siècle



Le 9 novembre 1844, le conseil municipal délibère  sous la présidence de son maire M. Petitfils : il projette d’acquérir une pompe à incendie car

"Haussonville est éloignée d’au moins six kilomètres des communes qui possèdent des pompes à incendie ; (…) sur une population de 608 habitants la commune de Haussonville compte quatorze cultivateurs ou fermiers et la presque totalité des habitants possèdent des terres et récoltent des céréales, par conséquent, il importe de se procurer les moyens d’arrêter les progrès d’un incendie qui, s’il venait à éclater, trouverait une grande quantité de matières combustibles pour l’alimenter. (…) Le conseil municipal est d’avis qu’il y a lieu de prier M. le préfet d’autoriser le Maire de la commune de Haussonville à passer avec tel fondeur il conviendra un marché par lequel celui-ci s’engagera à fournir à la commune de Haussonville et dans le plus bref délai une bonne pompe à incendie à deux jets, pour le prix lui en être payé par la commune, en trois années et par tiers."

 Le même jour, le Conseil prend une seconde délibération ; il est facile d’imaginer que les conversations d’après conseil étaient allées bon train et que chacun avait dû dire que les arguments étaient un peu pauvres. Que dit cette seconde délibération ?

"La commune se situe au centre de 12 communes dont elle est distante de 3 à 4 km et elle serait à même à leur porter secours".

 Le conseil rappelle aussi les projets en cours qui pèsent lourdement sur les ressources d’une commune pauvre : construire une école de filles, installer un presbytère, entretenir 12 km de chemins vicinaux et participer à l’entretien des chemins de grande communication. Il sollicite donc du préfet que la commune soit classée au nombre de celles auxquelles des ressources sont accordées pour les aider à se procurer une pompe à incendie.

Le préfet n'a sans doute pas été sensible à cette situation car, le 18 mars 1863, le conseil –sollicité pour apporter sa contribution à la construction du pont de Rosières- rappelle ainsi son extrême pauvreté :

"La commune d’Haussonville sans la flattée est sans contredit l’une des plus pauvres, non seulement du canton, mais de toutes celles qui sont appelées à contribuer dans les dépenses de reconstruction du pont de Rosières ; elle ne possède point d’affouage, très peu de biens communaux dont le revenu suffit à peine pour payer des dépenses annuelles obligatoires. (…) Depuis à peu près un temps immémorial la commune se propose d’acheter une pompe à incendie dont elle est privée et jusqu’alors elle n’a pu le faire faute de moyens." 

De pompe à incendie, il n'y en a toujours pas.

La pompe à incendie d'Haussonville
pouvait-elle ressembler à celle-ci ?
C’est seulement en 1878, dans une délibération du 1er février sous la présidence du maire, M. Courrier, que le problème de la pompe à incendie est à nouveau évoqué. A la suite d’un incendie qui est survenu au château le 4 décembre 1877, un comité, sous l’égide de l’ancien maire, Joseph Tétard, a lancé une souscription qui a permis d’acquérir "une pompe, 20 casques pour pompiers, un casque pour officier, un pour sous-officier, 25 seaux panier et cuivre, 25 seaux en toile imperméable et 20 ceinturons pour manœuvre, le tout remis gratuitement à la commune ». Le Conseil s’engage alors à prendre en charge les frais d’entretien de ce matériel. La délibération intègre en outre une demande inattendue :

 « Il manifeste enfin le vœu que le gouvernement concède gratuitement des armes aux pompiers, s’il le juge à propos.

Qu’est devenue cette pompe à incendie ?
 

Quatre-vingts ans plus tard….

Des petits cailloux viennent heurter la fenêtre de Philippe M. qui est sur le point de se coucher dans la maison de ses grands-parents (l’ancien presbytère en face du château). C’est le Jeannot R. qui vient le prévenir : il y a le feu dans l’étable de la ferme de Monsieur H route de Velle. Pendant qu’ils s’efforcent d’aider à faire sortir les vaches, on va chercher la pompe à incendie et une chaîne s’organise laborieusement entre le puits de la rue Haute et la ferme pour transporter les seaux d’eau et alimenter la pompe. Les bêtes seront sauvées mais le débit n’est pas brillant… Heureusement que les pompiers de Bayon, prévenus grâce au téléphone de la cabine du village, vont pouvoir achever de circonscrire l’incendie. Sinon les maisons d’à côté n’auraient pas été protégées…. Et nous ne serions pas là.

Ce sera sans doute la dernière fois que la pompe à incendie sortira. La commune fit ensuite l’acquisition d’une moto-pompe. 

Nota : les phrases en bleu et en italiques sont les retranscriptions des délibérations du conseil municipal issues des Archives de Meurthe-et-Moselle. Elles n'ont pas été modifiées. Vos contributions -photos ou souvenirs- sur ce sujet seront les bienvenues.

2 commentaires :

  1. bonjour, dans les années 50 il y a eu de grands feux dans les fermes des environs et à Haussonville ... des incendies criminels (une vengeance je crois), plusieurs maison ont brûlées, c'est le parquet de Nancy qui a fait l'enquête. Je me souviens de l'incendie de la grange cité dans votre article, j'étais en vacances .... impressionnant !

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  2. Je me demande si cet incendie à fait l'objet d'un article dans le journal et si il est possible de le retrouver!

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