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16 mai 2020

Retour à l'école : Déchèterie ou déchetterie


Allez les enfants, on retourne à l'école ! Grâce à vous, certains parents ont pu réviser un peu leurs
connaissances en orthographe et vous ont accompagnés dans vos devoirs.

Première dictée du jour, et voilà que vous butez sur ce mot : déchèterie ou déchetterie. Vous hésitez ? Et pourtant vous en avez entendu parler à la maison ces jours-ci. Le confinement a stimulé le rangement et le bricolage. Vous savez donc parfaitement qu'une déch....erie est le "lieu aménagé pour recueillir les déchets à recycler".

Il n'y a pas que les enfants qui hésitent sur l'orthographe de ce mot, à moins qu'on s'en moque pas mal. C'est votre cas ? Alors, zapper la suite de cet article.




Dans le Robert Plus - dictionnaire de la langue française, édition 2007, que j'ai sous la main quand j'écris dans mes blogs, c'est écrit "Déchetterie" avec cette définition : lieu aménagé pour recueillir les déchets à recycler. Mais, surprise ! dans ce même dictionnaire, à "déchet" il est dit : perte qu'une chose subit dans l'emploi qui en est fait (et aussi) résidu inutilisable. Il n'est pas indiqué "résidu recyclable".

Dans le Nouveau Petit Robert, édition 1996, c'est l'orthographe "déchetterie" qui est retenue avec la définition : lieu aménagé pour accueillir et traiter des déchets toxiques ou recyclables. Date d'apparition du mot : 1988.

Remontons encore le temps.

Effectivement, dans le Larousse de 1902, pas question de "déchetterie" ou "déchèterie". La définition du mot "déchet" est : diminution en quantité ou en valeur. Le mot le plus proche de ce concept est "dépotoir" : fosses destinées à recevoir des matières provenant des vidanges.

Consultés, mes amis étudiants de ènième cycle confirment mes observations :

Le Larousse de 1979 ne connaît ni déchèterie, ni déchetterie. L'un d'eux m'apprend que cette ambiguïté orthographique a généré quelques discussions familiales.... heureusement sans conséquence pour la vaisselle de famille qui n'a pas fini à la déchèterie.

Je lance alors une recherche rapide sur internet.

Incontournable, le Dictionnaire de l'Académie française. 9e édition. On y trouve "déchèterie" : dépôt d'ordures et de rebuts, généralement organisé pour permettre leur sélection, leur récupération et leur recyclage. Dans ses commentaires, l'Académie note que le mot "déchetterie" étant fréquemment utilisé, la prochaine édition du dictionnaire en tiendra sans doute compte. Il est précisé que ce mot aurait été déposé comme nom de marque.

Qu'écrit Wikipédia ? Bel article consacré à "déchèterie" ; on y découvre les jolis mots de "recyparc" ou d'écocentre" utilisés au Canada et en Belgique. Pour cette encyclopédie, c'est l'ADEME* qui aurait déposé la marque "Déchetterie". Sans la maintenir sans doute, car elle n'est pas trouvable sur le site de l'INPI* ; l'ADEME semble d'ailleurs privilégier l'orthographe "déchèterie" dans ses articles consacrés à ce sujet.


Il y a de quoi s'y perdre . Regardez cette photo et la légende qui lui est attachée (Non, non, ce n'est pas moi ai ajouté la légende).







Lors de mes recherches, je trouve que Bordeaux aurait été la première ville française à équiper une déchèterie en 1983.


Petites références personnelles :

Je n'ai pas connu de "déchetterie" ou "déchèterie" dans ma jeunesse. Tous les déchets partaient à la poubelle. A Nancy, les éboueurs passaient tous les jours (à vérifier). J'ignore comment mes parents se débarrassaient de leurs "encombrants". Mais y avait-il des encombrants ? L'obsolescence programmée n'était pas encore au programme !

Tout comme moi, mon mari se souvient du "ferrailleur" qui passait à pied, à vélo, tirant une charrette, et qui appelait les riverains en criant "peaux de lapin peaux chiffons ferrailles y a rien à vaut" !

Je me souviens aussi d'un ami de papa qui débarrassait les greniers et venait régulièrement nous montrer ses découvertes.


Dernier souvenir : un cousin dont la famille m'accueillait en vacances au bord de l'Atlantique et qui, lors des promenades en famille, ne pouvait pas s'empêcher -au grand dam de sa femme- de s'arrêter lorsqu'il apercevait une décharge pour chercher la pièce ou l'objet miraculeux qui allait lui permettre de terminer un bricolage pour sa maison ou son bateau.



Aujourd'hui, seuls quelques gens du voyage nous interpellent encore à la campagne pour savoir si nous avons des vieux matériels électro-ménagers ou ferrailles à déblayer. Il y a quelques années, certains mettaient encore des papillons dans les boîtes aux lettres pour signaler leur passage. Le développement des déchèteries a ruiné leurs affaires. Et pourtant, c'était bien, car aujourd'hui, si vous n'êtes pas équipé d'une remorque -ou si vous n'avez pas un bon copain pour transporter vos "monstres", ils restent à la maison. Le ramassage par la Communauté de Communes a cessé dans notre village.


Bon, vous me direz "Voilà bien une préoccupation de retraitée-confinée-oisive à propos d'un mot que tout le monde comprend lorsqu'on le prononce".

Tout-à-fait d'accord. J'aurais pu traiter d'autres termes fort à la mode en ce moment, comme "distanciation sociale". Alors là, il y a vraiment de quoi alimenter les conversations sur le choix de ces deux mots. D'ailleurs, même l'Académie français s'en est étonnée.

Mais j'arrête là aujourd'hui : j'aurais peur de lasser.

Une dernière image pour la fin... Se serait-on déjà débarrassé d'une éolienne en déchèterie ou cherche-t-on à ventiler les mauvaises odeurs ?

image tirée d'internet


* ADEME - Agence de la transition écologique
INPI - Institut national de la propriété industrielle

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